Nantes et Rennes se disputent depuis toujours le leadership de la Bretagne historique. En 2019, les deux villes sont au coude à coude au sein du palmarès des « Villes où il fait bon travailler ». Alors que Rennes affiche une attractivité économique capable d’attirer les locataires, Nantes se présente comme une ville à la pointe de l’innovation immobilière.
Rennes attire les actifs
La Bretagne connaît un franc succès en ce qui concerne le marché de l’emploi si l’on en croit le dernier palmarès des « Villes où il fait bon travailler » publié chaque année par le journal l’Express. En effet, d’après ce classement réalisé sur la base de 11 indicateurs tels que la part des sociétés high-tech ou encore le dynamisme de l’immobilier d’entreprise, Rennes est classée deuxième derrière Toulouse et Nantes troisième derrière sa voisine. Qu’est-ce qui fait pencher la balance en faveur de la capitale de la région Bretagne ?
Rennes, ville du numérique
Ville universitaire historique, Rennes vit au rythme de ses 68.000 étudiants. Depuis quelques années, la métropole rennaise relève le défi du numérique et des nouvelles technologies comme en témoigne la création de Rennes Atalante, première technopole d’Europe, division d’Orange Labs en tête.
« Rennes se dirige vers une innovation d’usage, qui consiste à croiser le numérique avec d’autres activités, des projets se développent dans l’automobile ou le BTP » assure Emmanuel Thaunier, président de la CCI Rennes Métropole. – Extrait de l’article « Économie, attractivité, le match Rennes-Nantes », publié le 11 août 2014 sur capital.fr
Au sein des cinq sites que compte la technopole (Atalante Beaulieu, technologies de l’information et de la communication ; Atalante Villejean, filière biomédicale ; Atalante Champeaux, pôle agroalimentaire et environnement ; Atalante Ker-Lann à Bruz, productique et mécanique, cyber-sécurité ; Atalante Saint-Malo, biotechnologies marines et NTIC), se côtoient plus de 300 sociétés et établissements d’enseignement supérieur ainsi qu’une vingtaine d’organismes d’aide à l’innovation. Parmi les plus renommées, l’on peut notamment citer l’hébergeur OVH (Cesson-Sévigné), le concepteur de jeux vidéos Ubisoft ou encore Capgemini Technology Services, leader mondial du conseil, des services technologiques et de la transformation numérique.
« La cité bretonne qui a vu naître le Minitel est plutôt bien classée en matière de numérique […] Rennes capitalise sur ce savoir-faire des usages concrets. D’ailleurs, la métropole n’est pas seulement une métropole axée sur les infrastructures et réseaux, autre image qui lui colle à la peau. Des acteurs réputés […] illustrent cette ambition de rendre plus simple la vie de leurs clients utilisateurs. Niji travaille ainsi à des applications métiers, traduites notamment dans les Google Glass […] » – Wiki Rennes Métropole, Rennes Atalante.
Outre cette synergie entre monde industriel et scientifique, le prolongement de la branche ouest de la ligne à grande vitesse Atlantique vers Rennes place Paris à seulement 1h30 de cette dernière. Cela constitue un véritable renouveau économique pour la capitale bretonne qui a engagé, depuis 2009, le projet tertiaire EuroRennes. Ce ne sont pas moins de 58 hectares qui sont en cours d’urbanisation dans le quartier de la gare avec pour objectif, d’ici 2025, de faire de Rennes Métropole une agglomération européenne grâce à cette nouvelle centralité.
Nantes, leader mondial de la bioanalyse
La Cité des Ducs de Bretagne n’est pas en reste avec la présence sur son territoire d’Eurofins, leader mondial de la bioanalyse. Par ailleurs, la zone de Nantes / Saint-Nazaire s’organise autour d’activités économiques diverses : aéronautique (Airbus), naval (Les Chantiers de l’Atlantique, anciennement STX), agroalimentaire (420 entreprises et 4.000 emplois dans la filière sur la métropole nantaise), biotechnologies. Cette diversité des secteurs permet e maintenir un bon niveau d’emplois.
« Nantes, qui avait construit son identité sur le commerce, avait un peu périclité à la fermeture des chantiers navals, mais elle a su rebondir et se diversifier » – Stéphanie Rabaud, directrice du think tank nantais : l’Institut Kervégan.
Par ailleurs, le projet EuroNantes, comme un écho à EuroRennes, a permis au quartier Malakoff de se réinventer. Il s’agit d’un ensemble urbain qui, de part et d’autre de la Loire, se compose de logements, de commerces, d’hôtels haut de gamme et d’un quartier d’affaires de dimension européenne. Enfin, on ne peut évoquer la ville sans parler de l’offre de formation à Nantes. Outre le campus de l’université de Nantes, qui réunit de nombreux UFR (droit, lettres, sciences et techniques, médecine et techniques médicales, etc), la métropole nantaise compte plusieurs écoles de commerce renommées comme l’ISEG Marketing et Communication School, L’Audencia Business School ou encore l’IDRAC Business School. Le Technocampus Océan, plateforme de recherche technologique mutualisée, consacrée aux procédés métalliques et aux structures de la mer ouvrira en 2020 une halle technologique de 3.000 mètres carrés : la Jules Verne Manufacturing Academy.
Nantes met l’immobilier vert à l’honneur
Si Rennes remporte le match de l’emploi, Nantes se veut pionnière en matière d’immobilier vert. En effet, depuis quelques années, le chef-lieu de la Loire-Atlantique met au point des solutions parfois inédites pour construire des logements durables et écologiques.
Le prix moyen d’un appartement neuf à Nantes en 2019 est de 4.400€ du mètre carré contre 3.821€ à Rennes. Si Nantes est clairement plus onéreuse que Rennes en matière de logement neuf, il n’en reste pas moins que les deux villes fournissent des efforts communs pour ce qui est de la réduction de la consommation énergétique.
Nantes City-Lab
La question de la transition énergétique étant au cœur des politiques nantaises, la ville a décidé d’élaborer un dispositif collaboratif pour faciliter l’émergence de projets innovants.
« Le dispositif Nantes City Lab est à la fois simple et ambitieux : c’est tout le territoire de la métropole qui devient le terrain d’expérimentation pour votre innovation. Parce qu’innover c’est savoir sortir du cadre, la métropole vous guide dans votre projet et met à votre disposition un panel de sites d’expérimentation, d’équipements, de données et d’ingénierie pour tester et accélérer votre concept grandeur nature » – « Nantes CityLab : et si Nantes devenait votre terrain de jeu ? », nantesmetropole.fr
Neuf projets ont été labellisés par le Nantes City-Lab parmi lesquels le programme immobilier Symbiose. Les architectes ont greffé, sur un bâtiment existant, des serres pour « cultiver l’énergie des toits ». Il est question de générer des économies d’énergie par l’adjonction de serres bioclimatiques sur les toits de l’immeuble d’habitation.
En matière d’écologie et de limitation de la consommation énergétique de la Cité des Ducs, l’attention à non seulement été portée sur le vert avec, nous l’avons vu, des projets estampillés « écolo » mais aussi sur la réduction des dépenses énergétiques de la ville. En témoignent notamment deux projets qui concernent un même thème : celui de Lamp@Nantes qui propose un éclairage public « connecté » et celui d’Interactive Data Light qui suggère une utilisation des lumières artificielles urbaines en conséquence des usages qui en sont faits afin d’optimiser la facture énergétique.
En 2019, l’un des objectifs de Nantes Métropole était de diminuer sa consommation d’éclairage public d’un tiers pour l’année suivante. Cet engagement en faveur de la transition énergétique passe par le remplacement des lampes à vapeur de sodium par des luminaires LED.
D’autres dispositifs sont à l’essai comme l’abaissement de la puissance des lampadaires à 40% ou tout simplement l’extinction des lumières entre minuit et 5h30 du matin. De même, des systèmes de détection de présence et de déclenchement ont été testés.
On peut donc légitimement saluer la ville de Nantes pour ses efforts et sa volonté féroce de changer les habitudes et utilisations des éclairages publics à la faveur de la préservation de la biodiversité. Les projets labellisés par le Nantes City-Lab avancent main dans la main avec les politiques publiques du chef-lieu de la Loire-Atlantique. En un an d’activité, ce sont 9 projets qui ont été labellisés et 35 qui sont en maturation, ce qui promet un bel avenir énergétique pour Nantes.
Programme Ecodo à Rennes
Si Nantes se montre active au niveau de la réduction de la pollution lumineuse, Rennes, quant à elle, investit dans le programme « Ecodo » qui vise à réduire la consommation hydrique des foyers par le biais de matériel hydroéconomes.
Le but de ce programme est d’économiser l’eau potable à chacune des étapes de son cycle. Les acteurs participant à ce projet sont multiples : Veolia mais aussi les associations locales telles que la Maison de la Consommation de l’Environnement, Eau et Rivière de Bretagne ou encore l’Agence Locale de l’Energie.
Au niveau de l’habitat et des énergies renouvelables, Rennes et ses habitants se mettent au vert puisque nous pouvons constater de nombreux équipements photovoltaïques installés sur les toits des habitations. Par ailleurs, certains logements sont rénovés ou en passe de l’être.
En 2008, Rennes s’est fixée comme objectif de réduire de 20 % les émissions de CO2 d’ici 2020 avec notamment la signature de la Convention des Maires pour une énergie locale et durable.
Deux villes bretonnes complémentaires
Afin de parfaire une transition énergétique complète, Nantes pourrait s’inspirer du programme Ecodo de Rennes afin de faire baisser un peu plus la facture énergétique des propriétaires du neuf qui bénéficient déjà d’une consommation moindre avec les Réglementations Thermiques en vigueur pour leur logement. Ainsi, si Nantes se positionne sur un marché immobilier financièrement supérieur à celui de Rennes, il est toujours possible de réaliser des économies par ailleurs dans les consommations de chacun et chacune.
Pour ce qui est de Rennes, l’effort environnemental est déjà entamé et bien avancé mais il reste à faire tout comme à Nantes où plusieurs projets labellisés ont été menés à bien ou sont en cours de réalisation afin d’améliorer et d’endiguer la pollution lumineuse de la ville notamment.
Depuis quelques années, les deux métropoles bretonnes semblent avoir pris la mesure de leur complémentarité. Leur attractivité n’est plus à démontrer tant au niveau de l’emploi que des politiques environnementales pour les personnes les plus soucieuses de ces questions. Pour ceux qui auraient du mal à se décider entre ces deux métropoles de choix, il reste aussi l’option d’investir à La Rochelle, une ville de la façade Atlantique hors de Bretagne mais à fort potentiel immobilier.